Investissements éthiques et performance : Une alliance possible
- Nicolas Courivaud
- 25 mars
- 7 min de lecture
Une étude récente démontre que les entreprises ayant une éthique élevée ont réalisé des performances de +105,54% sur cinq ans, soit un rendement annualisé de +15,5%, surpassant largement le CAC 40 qui n'a progressé que de 34,94% sur la même période. Ce constat remet en question l'idée reçue selon laquelle investir de façon éthique impliquerait nécessairement de sacrifier la performance financière. En tant que conseiller en gestion de patrimoine spécialisé dans les approches d'investissement alignées avec les valeurs personnelles de mes clients, cette réalité confirme ce que j'observe depuis près de deux décennies : il est possible de faire fructifier son patrimoine tout en restant fidèle à ses convictions profondes.
L'investissement éthique : au-delà d'une simple tendance
L'investissement éthique ne se résume pas à une mode passagère ou à un simple effet marketing. Il s'agit d'une approche réfléchie qui considère que les choix d'investissement ont une dimension morale et des conséquences concrètes sur notre société.
Comme le rappelait Saint Jean-Paul II dans Centesimus annus : « Le choix d'investir en un lieu plutôt que dans un autre, dans un secteur de production plutôt qu'en un autre, est toujours un choix moral et culturel ». Cette perspective rejoint aujourd'hui les préoccupations de nombreux investisseurs, qu'ils soient motivés par des convictions religieuses ou simplement par la recherche d'un impact positif.
L'approche ESG (Environnement, Social, Gouvernance) constitue une première étape intéressante, mais l'investissement véritablement éthique va plus loin. Il intègre une réflexion approfondie sur les finalités de l'économie et de la finance, en se demandant non seulement si un investissement est rentable, mais également s'il contribue au bien commun et au développement humain intégral.
Des performances qui défient les préjugés
Pendant longtemps, l'idée dominante voulait que l'intégration de critères éthiques dans les décisions d'investissement se traduise nécessairement par une performance financière moindre. Or, les données empiriques récentes invalident cette hypothèse.
Une étude de l'Université de Harvard a déterminé que l'application de critères socialement responsables pour évaluer les fonds n'a aucun impact négatif sur le rapport risque-rendement. De même, les chercheurs de la Wharton School de l'Université de Pennsylvanie n'ont trouvé aucune preuve que l'investissement éthique entraîne des rendements financiers inférieurs.
Plus concrètement, l'analyse des indices boursiers confirme cette tendance. Par exemple, les indices MSCI World SRI et MSCI World SRI Filtered PAB surperforment le MSCI World à moyen/long terme, tout en affichant un meilleur ratio rendement/risque (ratio de Sharpe) et un risque de perte maximale (max drawdown) plus faible.
Cette réalité s'explique notamment par « l'effet d'apprentissage » : si les stratégies d'investissement responsable peuvent parfois sous-performer à court terme, elles tendent à réduire l'écart, voire à surperformer sur le moyen et long terme. Une excellente nouvelle pour les investisseurs véritablement soucieux de l'avenir.
Deux approches complémentaires : exclusion et engagement
Pour mettre en œuvre une stratégie d'investissement éthique, deux approches principales peuvent être envisagées : l'exclusion et l'engagement.
La stratégie d'exclusion : définir ses limites
L'exclusion consiste à écarter certains investissements du portefeuille sur la base de critères moraux. Cette approche peut être qualifiée de déontologique, car elle pose des principes absolus qui ne peuvent être transgressés, quelles que soient les circonstances ou les conséquences financières.
Comme le souligne le document Mensuram Bonam, « la politique d'exclusion adopte les valeurs de référence de la foi, en déterminant ce qui peut être défini comme des domaines d'investissement autorisés, exclus ou limités ». Le filtrage et les critères d'exclusion permettent à l'investisseur d'éviter les contradictions éthiques entre ses investissements et ses valeurs personnelles.
Concrètement, l'exclusion peut porter sur :
- Des secteurs entiers (armement, jeux d'argent, tabac, etc.)
- Des pratiques spécifiques (violations des droits humains, corruption)
- Des zones géographiques (régimes oppressifs, par exemple)
Cette approche présente l'avantage d'une grande cohérence morale et d'une mise en œuvre relativement simple. Cependant, elle n'est pas sans limites : elle peut réduire l'univers d'investissement et ne permet pas d'influencer positivement les entreprises pour les faire évoluer.
La stratégie d'engagement : transformer de l'intérieur
L'engagement représente une approche plus pragmatique et progressive. Elle consiste à maintenir un investissement dans une entreprise tout en cherchant à l'influencer positivement par le dialogue, le vote aux assemblées générales et d'autres formes de pression.
Mensuram Bonam souligne que « l'engagement actif est un élément indispensable de toute politique d'investissement cohérente. Lorsqu'il est soigneusement organisé et géré de manière stratégique, le dialogue résultant de l'engagement peut conduire à des améliorations constructives et inspirantes ».
Cette approche permet de :
- Transformer progressivement les pratiques des entreprises
- Maximiser l'impact positif du capital investi
- Maintenir une diversification adéquate du portefeuille
Un exemple concret illustre l'efficacité potentielle de cette approche : en 2023, une coalition d'investisseurs a engagé un dialogue avec Engie afin de clarifier sa stratégie climat. Grâce à cette démarche collective, l'entreprise a finalement dévoilé en 2025 une nouvelle feuille de route climat et environnement répondant à la majorité des demandes formulées.
Un discernement nécessaire
Ces deux approches ne sont pas mutuellement exclusives. Au contraire, elles peuvent être combinées dans une stratégie d'investissement globale. Comme le rappelle Mensuram Bonam, « ce n'est pas la loi qui est graduelle, mais la manière dont les personnes accèdent à ses exigences ».
Le discernement éthique doit prendre en compte trois sources de la moralité des actes humains : l'objet (ce qui est fait), l'intention (pourquoi c'est fait) et les circonstances (comment et dans quel contexte c'est fait). Cette triple considération permet d'élaborer une stratégie d'investissement à la fois cohérente sur le plan éthique et efficace sur le plan financier.
L'allocation d'actifs éthique : une approche structurée
Pour construire un portefeuille alliant éthique et performance, une approche structurée de l'allocation d'actifs est essentielle.
Les critères déterminants
Plusieurs critères doivent être pris en compte :
- L'horizon d'investissement (généralement long terme pour une démarche éthique)
- L'univers d'investissement (intégrant les filtres d'exclusion)
- L'objectif de rendement (nominal ou réel)
- La tolérance au risque
- Les préférences de liquidité
- Le niveau de frais acceptable[2]
L'allocation stratégique d'actifs représente la répartition théoriquement optimale dans une perspective de long terme. Elle doit être réplicable (via une stratégie systématique en titres vifs ou en fonds) et mesurable (à l'aide d'indices de référence appropriés).
Intégrer les enjeux environnementaux et sociaux
Au-delà des considérations financières traditionnelles, l'allocation d'actifs éthique doit intégrer les grands enjeux de notre temps, notamment le climat et la biodiversité.
Pour le climat, différents leviers peuvent être actionnés :
- Sur/sous-pondération de certaines zones géographiques
- Déclinaison à l'allocation obligataire (émetteurs souverains)
- Exclusion ou sous-pondération de certaines classes d'actifs
- Surexposition à d'autres classes d'actifs
Pour la biodiversité, l'analyse de matérialité préinvestissement permet d'identifier les risques liés aux cinq facteurs de pression sur la nature : artificialisation des milieux naturels, surexploitation des ressources, pollutions, espèces exotiques envahissantes et changement climatique.
La diversification comme principe fondamental
La diversification reste un principe fondamental de la gestion de portefeuille, y compris dans une approche éthique. Elle peut s'opérer entre classes d'actifs, zones géographiques, devises, secteurs et émetteurs.
Cependant, certaines limites à la diversification peuvent apparaître dans un cadre éthique :
- Nombre restreint de classes d'actifs à maîtriser
- Biais géographique (préférence pour les régions aux standards élevés)
- Exclusions sectorielles limitant l'univers d'investissement
- Sélectivité accrue des émetteurs
Ces contraintes ne sont toutefois pas incompatibles avec la construction d'un portefeuille efficient. Une étude récente démontre que « la prise en compte des critères ESG dans les choix de portefeuille n'empêche pas de se conformer aux modèles traditionnels de recherche d'efficience dans l'allocation des actifs ».
Mon approche personnalisée de l'investissement éthique
Avec près de 20 ans d'expérience dans le conseil en investissement et une spécialisation dans l'approche éthique des investissements, j'ai développé une méthodologie en trois temps pour vous aider à construire un patrimoine aligné avec vos valeurs.
1. Un audit patrimonial complet
Avant de parler d'investissement, il est essentiel de comprendre votre situation globale : revenus, placements existants, fiscalité, patrimoine immobilier, mais aussi valeurs personnelles et objectifs à court, moyen et long terme.
Cette étape préliminaire permet d'identifier vos priorités éthiques spécifiques et de les intégrer dans une stratégie patrimoniale cohérente. Comme le souligne le document Mensuram Bonam, il est crucial d'« assurer une telle cohérence avec la foi [ou les valeurs personnelles], ce qui est en soi un processus vivant d'apprentissage, de collaboration et de prise de décision ».
2. Une stratégie d'investissement sur mesure
Sur la base de cet audit, je vous propose une stratégie d'investissement personnalisée intégrant :
- Une allocation d'actifs adaptée à votre profil de risque et vos objectifs
- Des filtres d'exclusion correspondant à vos valeurs
- Des opportunités d'engagement actionnarial
- Un équilibre entre rendement financier et impact positif
Cette stratégie est formalisée dans un document écrit qui vous sert de feuille de route et qui peut être ajustée au fil du temps en fonction de l'évolution de votre situation et de vos objectifs.
3. Un suivi régulier et transparent
L'investissement éthique nécessite un suivi particulier, tant sur le plan financier que sur le plan de l'impact. Je vous propose :
- Des rapports réguliers sur la performance financière de vos investissements
- Une analyse de l'impact social et environnemental de votre portefeuille
- Des ajustements stratégiques en fonction des évolutions du marché et de vos objectifs
- Un accompagnement dans vos démarches d'engagement actionnarial, le cas échéant
Comme le rappelle Mensuram Bonam, « le suivi des progrès est crucial pour s'acquitter de son authentique devoir fiduciaire, assurer la sécurité et la durabilité, tout en s'alignant sur la vision et les valeurs » qui vous sont chères.
Conclusion : donner du sens à votre patrimoine
L'investissement éthique n'est pas seulement une question de rendement financier, mais aussi de cohérence personnelle et d'impact positif sur la société. Les données empiriques démontrent qu'il est possible de concilier ces différentes dimensions sans sacrifier la performance, surtout dans une perspective de long terme.
En tant que conseiller en gestion de patrimoine indépendant, je vous accompagne dans cette démarche en vous proposant une approche personnalisée, rigoureuse et transparente. Mon objectif est de vous aider à construire un patrimoine qui vous ressemble et qui contribue au monde que vous souhaitez voir émerger.
Vous souhaitez explorer comment aligner vos investissements avec vos valeurs personnelles tout en optimisant leur performance ? Contactez-moi dès aujourd'hui pour un premier entretien sans engagement, au cours duquel nous pourrons discuter de votre situation et de vos objectifs patrimoniaux.